lundi 9 juillet 2018

Comment les touristes détruisent la planète

Ce titre est évidemment inspiré par l'excellent ouvrage d'Hervé Kempf "Comment les riches détruisent la planète".  Ça aurait pu s'appeler "comment on se fait vendre un style de vie qui détruit la planète" ou quelque chose du genre.  L'idée que j'essaie d'avancer, ou la perspective, c'est que certains comportements que nous avons, qui peuvent sembler inoffensifs, sont parfois nocifs.  Les voyages en avion en particulier, de quelque type que ce soit (tout inclus, visite organisé ou sac à dos) dès qu'ils sont en avion.  Lisez d'ailleurs ce qui suit, tiré de cet article du Devoir : 

"Grosso modo, un déplacement intercontinental génère de deux à trois tonnes de GES par passager, soit l'équivalent des émissions d'une voiture intermédiaire pendant un an.". 

C'est énorme! S'il y a une chose que j'ai retenu de mon passage d'une demi session au bacc en philo c'est l'éthique de Kant. Le principe est relativement simple, j'en ai tiré une règle du pouce pour savoir si une action est moral ou non (bien ou mal) : si tu ne peux pas appliquer un comportement à l'ensemble de l'humanité, parce que ça n'aurait pas de sens ou que ce serait auto-destructeur, alors ce comportement n'est pas moral.  Donc si j'applique cela aux voyages en avion, je pense qu'on peut affirmer pas mal sans peur de se tromper que si tous les humains voyageaient en avion comme le font les touristes des pays riches, cela mènerait à la création d'une pollution si grande que nous serions incapable de contrôler les gaz à effet de serre et la température de la planète augmenterait bien au delà du seuil considéré gérable.  De plus, la répartition de la richesse étant ce qu'elle est, il se trouve que les occidentaux, nous vivons en moyenne comme si nous avions 4 planètes terre de ressources disponibles. C'est ce mode de vie et cette richesse qui est nécessaire pour faire du tourisme en avion tous les ans.  Encore une fois, est-ce que c'est moral que nous vivions tous à l'occidental? Évidemment non, il faudra inévitablement aller vers la décroissance un jour, par choix ou par la force.  Mais ceci est un autre sujet.  

Revenons à mon titre et mon lien avec l'ouvrage d'Hervé Kempf.  Il y a un autre problème avec le tourisme, problème très clairement mis en évidence dans le livre.  Le tourisme, les voyages, c'est également le mode de vie, le plaisir, la découverte, et tout ce qui va avec.  Quand un de ces innombrables blogueurs-voyageurs me parle de ces pays qu'il visite et des plaisirs de la découverte, des autres cultures, des autres langues, il me convainc de quelque chose.  Il me parle de ce qu'il aime et cela, ça me parle et je peux faire des rapprochements avec ma propre vie et alors, ça me donne le goût d'en faire autant.  Vous voyez ou je veux en venir?  Quand je lis la section Voyages dans LaPresse+, on me vend l'idée que tel ou tel endroit mérite d'être visité, et que plein de gens le font déjà.  Quand je lis la section Habitation de LaPresse+, on nous présente chaque samedi des maisons de riche qui ont fait des rénovations exceptionnelles et tout est moderne, au goût du jour, avec la vision d'un architecte raffiné ou que sais-je encore.  Ma maison me parait bien terne quand je lis cette section.  C'est à ce point vrai que si j'essayais de la vendre, on reprocherait sûrement à ma maison, son manque de "rénovations", qu'elle n'est pas au goût du jour.  Tout fonctionne pourtant très bien... Je ne sais pas pour vous mais je trouve que de voir toujours toutes ces choses que je n'ai pas, crée insidieusement l'étrange sensation que ce que j'ai n'est pas suffisant.  Tous ces gens qui quittent leur boulot, font le tour du monde, on les met sur un piédestal et tout et c'est vrai que ce sont des gens qui ont du guts et j'admire leur capacité à organiser leur vie pour réaliser leurs rêves, et c'est ben correct.  Si je déplore quelque chose c'est que partout on voit ceux qui l'ont, peu importe ce que c'est, et ça donne le goût aux autres de l'avoir, et ça crée un momentum d'envie, qui fait en sorte que tout le monde en veut plus.  Il n'y a pas que les médias qui sont responsables, il y a sûrement une portion toute naturelle de psychologie humaine élémentaire qui soit en cause.  Dans son livre Kempf parle des gens qui sont situés dans une couche sociale et qui veulent essayer de faire partie de la couche en haut d'eux.  À la tête de la pyramide sociale, le fameux 1%, présente le syndrome du "mon bateau est plus gros que le tien".  On ne peut pas que blâmer le 1% non plus, nous devrions tous et sommes tous capables d'être conscients de ce qui se passe, mais il est probablement un fait que ce sont eux qui tirent vers le haut la consommation, avec leur vie de "jetset", qui fait rêver tout le monde.  Est-ce qu'on peut blâmer les blogueurs qui voyagent en avion et qui partagent leur expérience? Pas plus, pas moins.  Nous qui voyageons, qui sommes des touristes, sommes tous, selon moi, dans l'immoralité.



Est-ce que j'arrêterai de voyager? Non.  Peut-être raconterai-je un jour pourquoi... Allez savoir